Dans cette section :
- Comprendre l’économie de la fonctionnalité et de la coopération (EFC)
- Des besoins financiers spécifiques
- La proposition d’un outil financiers dédié à l’EFC
Dans de très nombreux cas, le financement des équipements est la difficulté principale que rencontrent les entreprises qui souhaitent développer une offre en EFC. Leur structure de bilan évolue pour se rapprocher de celles des acteurs spécialisés dans le crédit-bail, sans que leurs partenaires bancaires ne puissent accompagner cette évolution, et accepter les ratios financiers correspondant. Le financement via crédit-bail, s’il vient naturellement, s’avère complexe pour ne pas dire inadapté. Parallèlement, le modèle de l’EFC rend intrinsèquement possible un système de garanties qui minimise grandement le risque, et permet de dessiner une ingénierie financière innovante et sur-mesure.
Ni haut de bilan, ni crédit bancaire
Lorsque le coût de l’équipement support de l’offre en EFC représente un coût important, la structure de bilan de l’entreprise qui la développe évolue fortement : plutôt que de générer une marge commerciale à l’occasion de chaque contrat, elle investit un montant équivalent et reporte la valeur ajoutée sur la durée de vie du contrat. Le niveau des immobilisations corporelles a tendance à augmenter rapidement, dans des proportions qui dépassent les ratios dettes sur fonds propres habituellement utilisés par les partenaires financiers.
D’un côté, les investisseurs (actions et obligations) considèrent – à juste titre – que le financement d’une série croissante d’actifs matériels ne fait pas partie de leurs attributions ; de l’autre les partenaires bancaires sont réticents à accepter des ratios financiers incompatibles avec leurs règles prudentielles d’engagement.
Ce pourrait être différent si ces entreprises étaient considérées comme des acteurs du crédit-bail, leur structure financière s’en rapprochant effectivement. Mais ce n’est pas le cas, leur code NAF reste le plus souvent inchangé, et elles n’ont pas les agréments qui leur permettraient de s’adresser à leurs financeurs comme le font notamment les sociétés spécialisées en crédit-bail.
La fausse bonne idée du crédit-bail
possible à cette difficulté de financement – et les entreprises qui développement une offre en EFC l’ont toutes sérieusement envisagé.
Dans cette hypothèse, c’est bien le fournisseur qui doit être financé et non son client. Le principe de l’EFC est bien de fondre le coût de l’équipement dans une proposition de valeur, et une facturation, plus large. Mais au-delà même de ce principe, on ne peut pas affecter, le plus souvent, un équipement à un client :
- Les équipements peuvent être mutualisés entre plusieurs clients,
- Ils peuvent dans d’autre cas être affectés, mais de manière temporaire, lorsque l’évolution des besoins du client conduit à adapter régulièrement les moyens mis à sa disposition.
Pas moins de quatre raisons principales expliquent que le financement du fournisseur par crédit-bail ne fonctionne pas :
- La nature des équipements : beaucoup d’acteurs de crédit-bail se sont spécialisés dans des équipements dont ils maîtrisent l’évolution de la valeur marchande et le marché de l’occasion (automobile notamment) et ne savent pas se positionner sur des équipements plus exotiques,
- La complexité de la relation tripartite : avec un crédit-bail, la propriété de l’équipement est transférée au financeur. Dans les offres EFC qui reposent sur des moyens dédiés sur le site d’un client, la relation tripartite complexifie la répartition des risques et des responsabilités , et alourdit significativement le modèle.
- La durée d’amortissement : là où l’EFC vise à allonger la durée de vie des équipements, conduisant à un amortissement comptable sur des durées allongées, les acteurs de crédit-bail souhaitent des durées plus courtes – et tendent à les imposer. Le déséquilibre qui en résulte pour une même entreprise, sur un plan fiscal notamment, entre les équipements financés par crédit-bail et ceux qui ne le sont pas, pose problème.
- Le poids dans le (hors) bilan : le crédit-bail intervient le plus souvent soit sur des investissements matériels amont, soit sur des équipements supports de l’activité de l’entreprise. Le besoin est soit ponctuel (machines-outils), soit d’un montant relativement faible par rapport au compte de résultat et au bilan de l’entreprise (flotte de véhicule, un parc informatique…). Quand le poids que représentent les équipements financiers devient prépondérant, les acteurs du crédit-bail montrent les mêmes réticences que les partenaires bancaires.
Une ingénierie financière innovante et dédiée
Oublions un instant la manière dont les produits de financement sont actuellement construits, et imaginons à quoi ressemblerait une solution sur-mesure pour l’EFC. Trois caractéristiques se dessinent, qui semblent justifier une ingénierie financière dédiée et innovante :
- Le besoin de financer le développement d’une offre commerciale, via un chapelet d’engagements et non un financement ponctuel. La mise sur le marché d’une offre en EFC est un choix stratégique fort, qui a besoin d’un minimum de visibilité sur la disponibilité des financements nécessaires pour supporter les investissements successifs sur plusieurs exercices. Les rythmes, montants des règles de déblocage effectifs des fonds, appuyés sur des critères précis sur le respect de la trajectoire prévue, sont à négocier et formaliser en amont.
- La possibilité, lorsque les équipements sont affectés à un client, de construire un système de gestion des risques de contrepartie et de garantie à deux niveaux : en cas de défaillance du client, le fournisseur peut affecter l’équipement à un autre client, et les risques sont mutualisés par le fournisseur ; en cas de défaillance du fournisseur, le client peut avoir pris contractuellement un engagement de reprise de l’équipement.
- L’évolutivité du taux de financement et du taux d’intérêt : le début de la trajectoire client est plus risqué, du fait d’un nombre réduit de client et de la moindre mutualisation du risque de contrepartie. Sa capacité d’auto-financement est parallèlement à construire. Le chapelet de crédit devrait ainsi prévoir à la fois un taux d’intérêt plus fort en début de trajectoire, et un taux d’autofinancement par l’entreprise croissant au fil du temps.
Deux options s’offrent à nous : faire renter de force l’EFC dans les règles et instruments de financement existants, ou innover pour construire le dispositif sur-mesure qui facilitera l’essor de ce modèle économique vertueux.