Dans cette section :
- Comprendre l’économie de la fonctionnalité et de la coopération (EFC)
- Des besoins financiers spécifiques
- La proposition d’un outil financiers dédié à l’EFC
Quand une entreprise ne vend plus un produit, mais l’usage qu’il permet, les implications positives sont nombreuses : elle cherche à augmenter la durée de vie de son produit, à en intensifier l’usage, à identifier chaque gisement de valeur pour son client, dans une relation gagnant-gagnant sans équivalent. Elle tisse le plus souvent des relations partenariales nouvelles sur son territoire, et favorise le développement d’emplois locaux liés au service et à la maintenance des équipements. C’est pourquoi l’EFC, l’un des sept piliers de l’économie circulaire, est présentée comme un axe prometteur de la transition écologique et solidaire, et est soutenue par les acteurs institutionnels régionaux, nationaux et européens.
Si l’économie de la fonctionnalité et de la coopération présente une grande variété de projets, trois caractéristiques permettent de la définir :
- Passer de la vente d’un produit à celle d’un usage,
- Consommer moins de ressources pour produire plus de valeur,
- Rechercher la coopération pour optimiser le résultat
Passer de la vente d’un produit à celle d’un usage
Notre modèle économique s’est largement construit sur le principe selon lequel les transactions commerciales marquent un changement de propriété d’un bien. L’intérêt des producteurs devient de réduire la durée de vie des produits, et les pratiques d’obsolescence programmée en découlent.
Le passage à un modèle en EFC s’articule le plus souvent autour du changement de mode de facturation pour le fournisseur, qui vend donc l’usage que permet son produit. C’est une condition nécessaire mais pas suffisante : il ne saurait s’agit d’une simple location, de mise à disposition de l’équipement, qui conduirait à une facturation liée à la durée d’utilisation. Dans un modèle en EFC, le fournisseur a une obligation de résultat, et son mode de facturation est lié, quantitativement et qualitativement, à l’usage que permet le produit.
Consommer moins de ressources pour produire plus de valeur
Lorsqu’un fournisseur reste propriétaire de l’équipement, ses propres intérêts économiques sont profondément modifiés. Il cherche naturellement à allonger sa durée de vie, à le rendre plus réparable et recyclable : Il bénéficie directement de tous les bienfaits de l’éco-conception.
De plus, au-delà de l’augmentation de la durée de vie, il cherchera naturellement à intensifier l’usage de l’équipement. Certains, par exemple, chercheront à le mutualiser entre plusieurs utilisateurs. Les mêmes ressources produisent ainsi plus de valeur.
L’augmentation de la valeur créée peut enfin être qualitative. En s’intéressant à l’usage, à la fonction, au résultat, le fournisseur est conduit à se poser des questions que, parfois, ses clients ne se posaient pas – parce que ce n’était pas leur cœur de métier, ou parce que ces questions dépassaient leur capacité d’action propre. L’exemple de l’entreprise STC est en cela très parlant : passer de la vente d’emballages isothermes pour produits sensibles à celle du respect de la chaîne du froid dans une chaine logistique conduit à imaginer le développement de capteurs de température intégrée et connectés… dont aucun des acteurs impliqués ne pensait jusqu’ici à prendre l’initiative.
C’est donc à trois niveaux complémentaires que l’EFC parvient à découpler la création de valeur de la consommation de ressources / génération de déchets : nous sommes bien dans le champ de l’économie circulaire.
Rechercher la coopération pour optimiser le résultat
La dernière caractéristique commune à la grande majorité des projets EFC, c’est la coopération. Les offres, les solutions, sont le plus souvent co-construites avec d’une part les clients eux-mêmes – il faut bien maîtriser leur besoin avant de s’engager sur un résultat -, et d’autre part des partenaires, qui apportent souvent des briques de la chaine de valeur complémentaires – qu’il s’agisse par exemple de maintenance, de logistique, de gestion de données…
Cette pratique de coopération a d’autant plus de sens que, le plus souvent, les projets en EFC s’inscrivent dans un territoire. Ils créent de la valeur pour et sur un territoire, dans un écosystème local. C’est ainsi que les emplois qu’il créent sont moins délocalisables, et c’est pleinement cohérent avec les autres axes de la transition écologique et économique des entreprises que représentent la recherche de cycles courts et les pratiques d’économie sociale et solidaire.