L’initiative FinEF

Dans cette section :

L’économie de la fonctionnalité et de la coopération (EFC) est un modèle vertueux, pour lequel les besoins de financement sont spécifiques. Le financement est l’un des freins principaux de la diffusion de ce modèle, notamment pour les offres qui reposent sur des équipements représentant un investissement important.

Partant de ce constat largement partagé, quatre PME régionales se sont constituées en association de loi 1901, en lien étroit avec les acteurs de l’EFC. Cette association, FinEF, se propose de construire une solution sur-mesure aux besoins de financement de l’EFC. Cela nécessite a minima la formalisation et le démarrage d’une activité d’intermédiation financière, permettant d’animer les tours de table nécessaires en apportant l’expertise EFC et l’ingénierie financière ad hoc, et pourra valider l’intérêt de création d’un établissement financier à part entière, appuyé sur un noyau dur d’acteurs financiers régionaux existant plutôt qu’en concurrence avec eux. Il permettra quel que soit le scénario retenu l’acclimatation progressive des acteurs financiers aux spécificités de l’EFC, et capitalisera sur ses avancées en région Sud pour essaimer sur l’ensemble du territoire national.

Quatre entreprises à l’initiative, en partenariat avec France Active

Les acteurs de la région Sud sont particulièrement actifs en matière d’économie circulaire et d’EFC en particulier. La récente structuration de la Plateforme Régionale de l’Economie Circulaire (PRECI), associant Région, Ademe, Chambres consulaires (CCIR, CMAR), et Banque des Territoires, en est la parfaite illustration.

Quatre PME du territoires, engagés dans l’EFC, ont mis leurs efforts en commun pour construire une solution aux difficultés rencontrées en matière de financement de leur déploiement :

  • Innovaclean (Aubagne, 13) déploie une solution innovante en matière de dégraissage, basée sur un solvant éco-responsable et des machines industrielles adaptées. Active auprès des acteurs du Nettoyage à Sec, elle prépare un déploiement sur les marchés du dégraissage industriel. Elle a été pionnière en commercialisant sa solution sous forme d’EFC, proposant des cycles de lavage plutôt que la vente de machines et de solvant – ce qui l’a conduit à entamer un programme lourd de R&D autour de l’éco-conception des machines de dégraissage, jusqu’ici trop énergivores. Les questions de financements doivent être anticipées si Innovaclean souhaite développer ce modèle en EFC sur les marchés, plus conséquents, du dégraissage industriel.
  • Enogia (Marseille, 13) a développé un savoir-faire pointu – et breveté – pour valoriser la chaleur fatale issue des processus de combustion (moteurs thermiques) ou de décomposition (centres d’enfouissement). Pour ce faire, elle met au point des turbines haut de gamme, conçues sur-mesure par rapport au potentiel à valoriser, et utilisant un fluide lui-même parfaitement optimisé. Enogia est plus que confiante quant à la fiabilité et l’efficacité de sa solution, dont le retour sur investissement est parfaitement maîtrisé. Mais ses clients hésitent à investir à moyen terme sur des métiers qu’ils ne maîtrisent pas. Et si Enogia ne leur vendait plus des turbines mais… des kilowattheures ? Excellente idée a priori, qui boosterait son activité, dès lors qu’un cadre pérenne de financement serait mobilisable… ce qui n’est pas le cas actuellement !  
  • Suchanek (Sainte-Cécile les Vignes, 84) est un partenaire historique du monde viticole de la basse vallée du Rhône, actif sur ses métiers d’électricité, plomberie, et climatisation / chauffage. Son dirigeant est très engagé, socialement auprès de ses équipes, sociétalement sur son territoire, ainsi que sur les sujets environnementaux. Il constate que les groupes froids qu’il vend, installe, et maintient dans les caves coopératives se sont utilisées que durant les trois mois qui suivent les vendanges ; il regrette le gaspillage que cela représente. Pourquoi leur vendre ces équipements ? Ned pourrait-on pas les rendre disponibles par exemple pour les producteurs de fruits et légumes, qi en auraient besoin à d’autres moments ? Ne plus vendre le matériel, mais la promesse que les cuves seront refroidies comme il convient – avec même plus de fiabilité et de sécurité qu’avec un seul groupe à demeure, tellement la disponibilité et la qualité de ce refroidissement est crucial pour l’ensemble de l’année des viticulteurs ? Comment s’organiser pour porter les investissements correspondants, comment convaincre les partenaires bancaires ?
  • A Marseille et alentours, on ne présente plus Totem Mobi. L’entreprise propose des petits véhicules électriques en autopartage de courte durée, pour un tarif défiant toute concurrence. Appliquant les principes de l’EFC, elle a construit un modèle économique à plusieurs dimensions, qui combine quarts d’heure (!) de location, publicité sur les véhicules, et participation des collectivités locales ou des gros employeurs souhaitant faciliter l’accès au service pour leurs salariés. Un bel exemple de philosophie de transition, de réflexion sur une fonctionnalité (le déplacement), qui fera école. Reste que… les investissements sont conséquents. Au-delà de l’immatériel (gestion à distance des véhicules, application smartphone…) il faut sur chaque territoire d’implantation mettre à disposition un parc de véhicules et des bornes de recharge. Totem Mobi est déjà, de loin, le premier client de DIAC pour les leasings de Renault Twizy, et on arrive aux limites du système. Il faudrait pourtant déployer ce beau concept très largement, et sans trop attendre !

Ces quatre entreprises ont, ensemble, créé l’association FinEF. Et, ce n’est pas un hasard : elles étaient toutes, d’une manière ou d’une autre, en lien étroit avec France Active PACA. Cette structure, initialement dédiée à l’Economie Sociale et Solidaire, soutient par nature et par conviction les entrepreneurs engagés, dans la RSE ou la Transition Ecologique et Economique des Entreprises. France Active a compris très tôt la dimension vertueuse de l’EFC, et voudrait être en mesure d’en accompagner le déploiement. Elle joue un rôle structurant dans l’aventure FinEF.

Une phase de faisabilité et de dimensionnement soutenue par l’Ademe et la Région Sud

La Région Sud et la Direction Régionale PACA de l’Ademe collaborent très étroitement pour la Transition Ecologique et Economique des Entreprises (T3E), depuis plusieurs années. A travers des programmes communs, ils sont à l’initiative de nombreux appels à projets ou à manifestation d’intérêt – et notamment, depuis 2018, l’Appel à Projets T3E, qui vise à promouvoir et faciliter les pratiques d’économie collaboratives et d’EFC sur le territoire.

L’association FinEF a candidaté à l’AAP T3E début 2009, et le projet a été retenu. Ce soutien permet de financer l’étude de faisabilité et de dimensionnement en cours, en affichant clairement la volonté politique de parvenir à la création d’un instrument dédié au financement de l’EFC en Région Sud.

La perspective d’un intermédiaire en opération de banque

Finef ambitionne de proposer aux acteurs financiers, sous la forme d’un IOBSP (Intermédiaire en Opérations Bancaires – sous contrôle de l’ORIAS), une ingénierie financière dédiée aux besoins spécifiques de l’EFC :

  • Le financement des équipements sur lesquels s’appuie l’offre en EFC, sous forme de crédits, sur leur durée de vie théorique,
  • L’accompagnement du déploiement de l’offre sur plusieurs années, avec un taux d’autofinancement par l’entreprise croissant,
  • L’organisation des tours de table avec la participation des partenaires financiers de FinEF ainsi que ceux de l’entreprise financée. Lorsque cela est pertinent, les outils de financement participatif et de la finance solidaire pourront être mobilisés. FinEF pourrait également, à terme, y prendre part directement.
  • L’identification et la valorisation des externalités positives des projets est systématisée, et leurs bénéficiaires sont invités à participer à leur financement.
  • Une couverture du risque de contrepartie et une approche de garantie spécifique.

FinEF n’a pas vocation à concurrencer les dispositifs et instruments financiers régionaux, mais à s’appuyer sur eux pour constituer un noyau dur de financeurs intervenant de manière quasi-systématisée (après analyse, bien entendu, de l’intérêt et de la viabilité des projets), à même d’entrainer les partenaires financiers habituels des entreprises clientes.

Dans un second temps, et si le déploiement de FinEF prend une envergure nationale, un scénario de transformation en établissement financier de plein exercice pourra être envisagé